SBORNÍK PRACÍ FILOZOFICKÉ FAKULTY BRNÌNSKÉ UNIVERZITY
STUDIA MINORA FACULTATIS PHILOSOPHICAE UNIVERSITATIS BRUNENSIS

B 47, 2000

Jean SALEM

LE RATIONALISME DE DÉMOCRITE

Je me propose de donner dans les quelques lignes qui suivent un plan raisonné de l'ouvrage que j'ai publié à Paris, aux éditions Vrin, en 1996, - sous le titre : Démocrite. Grains de poussière dans un rayon de soleil (416 p.).

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I. CONSIDÉRATIONS LIMINAIRES

Plan général de l'ouvrage

Je me suis efforcé de procéder à l'analyse des principes généraux de l'atomistique démocritéenne (I), la cosmogonie méritant à elle seule un chapitre particulier (II). L'étude de la théorie de la connaissance (III), puis celle de la théorie de l'âme ou psychologie (IV), acheminent ensuite mon lecteur à la considération de ces composés très particuliers que sont les vivants animés. Après quoi, je tente de montrer en quoi la médecine et l'embryologie démocritéennes ont inspiré l'hippocratisme, et suscité la vive réaction d'Aristote (V). Les assez nombreux fragments recueillis par Diels et Luria abordant très largement, comme on sait, des domaines proprement humains - avec des accents parfois fort modernes - l'anthropologie (VI) et l'éthique (VII) ont fait, respectivement, l'objet de deux autres chapitres. J'ai, enfin, en manière d'appendice, pris au sérieux le rire dont parle la légende, ce fameux ris démocritique qui résumerait l'attitude qu'aurait censément adoptée le sage devant le spectacle de l'universelle folie des mortels (VIII).

Lectures préparatoires :

J'ai cru d'abord pouvoir définir les quatre "piliers" de la sagesse ou, tout du moins, de l'érudition démocritéenne, et j'en ai fait le programme des lectures que je devrais tâcher d'effectuer avant de mener à bien mon ouvrage. Il fallait, en effet, consulter au plus près :
1. l'ensemble du corpus réunissant les fragments des Présocratiques (et non pas seulement ceux qui concernaient le seul Démocrite, lesquels sont accessibles dans les sections 67 et 68 des Vorsokratiker de H. Diels et W. Kranz 1, ainsi que dans le recueil de 950 textes composé par S. Luria (Democritea, Léningrad, Nauka, 1970) ;
2. l'ensemble du corpus aristotélicien ;
3. l'ensemble du Corpus hippocratique ;
4. l'essentiel, enfin, de la littérature érudite dont Démocrite a pu faire l'objet depuis une centaine d'années environ.

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II. PLAN DÉTAILLÉ DE L'OUVRAGE

Introduction

J'ai, d'emblée, tenté d'évoquer l'immense stature de Démocrite et le prestige dont son uvre a joui auprès des Anciens : Cicéron, Sénèque, Diogène Laërce et bien d'autres nous parlent d'un colosse, dont l'uvre, aussi profonde qu'encyclopédique, leur paraît digne d'admiration à l'égal de celle d'Aristote ou de celle de Platon. « Il n'est rien dont il ne traite », écrit Cicéron 2. C'est, renchérit Sénèque, « le plus subtil de tous les Anciens » 3. En me livrant à une étude statistique détaillée, j'ai tâché de faire ressortir combien l'impression que son uvre a été victime d'un étrange délaissement de la part des critiques se laisse amplement confirmer par les chiffres. Près de 20 % du corpus réuni par Diels-Kranz provient de Démocrite ou nous parle de lui. A titre de comparaison, Héraclite, dont les sentiers sont notablement plus battus par la critique contemporaine, représente à peine 6 % du même recueil de Diels-Kranz, et Parménide environ 3 % : or Héraclite et Parménide ont fourni à eux seuls la matière de près de 40 % des recherches menées sur les Présocratiques entre 1940 et 1980... - Puis j'ai examiné la question relative aux dates de naissance et de mort de ce "présocratique", qui disparut, probablement, trente à quarante années après...la condamnation à mort de Socrate (c'est-à-dire en - 366, voire en - 356 av. J.-C.). Et, sans prétendre l'avoir bien connu, j'ai considéré que Leucippe d'Abdère, le supposé maître de Démocrite, a certainement existé ; mais que le peu qui lui est attribué peut fort bien servir d'aliment ou de complément à l'étude de la philosophie démocritéenne.

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Chapitre I : Physique

[§ 1] Au tout début de mon premier chapitre, je rappelle et commente ce passage d'Aristote (Métaphysique, I, 4, 985 b 4), dans lequel il est rapporté que les atomistes d'Abdère considéraient que les « différences » entre corps composés dépendent de la forme, de l'ordre et de la position des atomes qui les constituent. Ces différences, disaient-ils, sont, « à vrai dire, au nombre de trois » :
- forme (skhèma) ;
- ordre (taxis) ;
- position (thesis).
« C'est ainsi, poursuit Aristote, que A se distingue de N par la forme, AN de NA par l'ordre, ± [H couché] 4 de H par la position ».
[§ 2] Cette tentative de réduction de la réalité empirique à ce qu'un critique a appellé une "écriture fine" 5, n'est pas sans relation avec les efforts déployés par les premiers physiologues ioniens afin de découvrir auquel des quatre éléments se ramène la diversité du sensible ; elle a, quelque temps avant Démocrite, été illustrée également par le système d'Anaxagore. Pour Anaxagore, en effet, le Tout est composé de corpuscules homéomères, « de même que l'or est formé de ce que l'on nomme des paillettes » resserrées entre elles 6. Au lieu que les atomistes d'Abdère se représentent la totalité de l'étant « à la façon d'un tas de pièces d'or séparées » 7 : car ils ne croient pouvoir rendre compte des apparences empiriques et, en premier lieu, de l'existence du mouvement qu'en proclamant l'essentielle discontinuité de l'être, dont le caractère sporadique a pour nécessaire corrélat l'existence paradoxale du néant, autrement dit du vide immense. [§ 3] Du vide, je signale, précisément, qu'il n'est pas la cause mais la condition sine qua non du mouvement. Et, d'emblée, je signale, à toutes fins utiles, que la thèse relative à sa réelle existence est surtout fondée sur des arguments empiriques. [§ 4] J'essaie de montrer, après cela, que le "hasard", dans le système de Démocrite, ne peut jamais être qu'un nom, un sobriquet, de l'universelle nécessité. C'est, en effet, l'écran du langage dont se sont servis Aristote et ses sectateurs qui nous fait croire que Démocrite a parlé de phénomènes de hasard là où l'on nous dit qu'il évoquait ce qui advient automatôs, c'est-à-dire spontanément et conformément à la nécessité naturelle. [§ 5] Je me demande, enfin, si la pesanteur est ou non inhérente aux atomes, et je penche pour une réponse négative ; ou plutôt, je rejoins la solution proposée par D. O'Brien, selon lequel, ce sont les aristotéliciens qui ont sans doute lié à l'excès cette question avec celle d'un mouvement imprimant nécessairement au corps grave une tendance à se diriger vers le bas 8.

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Chapitre II : Cosmogonie et météorologie

[§ 1] Infinité de l'univers, infinité du nombre des mondes, et mortalité du nôtre, en particulier : ce sont là les trois thèses que j'ai cru devoir rappeler avant d'aborder l'analyse détaillée du témoignage de Diogène Laërce (IIe siècle ap. J.-C.) relatif à la cosmogonie de Leucippe d'Abdère. - Selon Leucippe, écrit Diogène, « la génération des mondes se produit ainsi : dans une section donnée, de multiples corps de formes diverses se trouvent transportés de l'illimité dans un grand vide » 9. Le rassemblement des corps en question produit alors « un tourbillon unique grâce auquel, se heurtant et tournoyant en tous sens, ils se séparent en formations distinctes, les corps semblables se rejoignant » 10. Les corps légers en viennent à voltiger, en un réseau de mouvements indépendants, tout autour de la masse centrale, cependant que les plus volumineux, demeurent dans le cur même du tourbillon, puis s'y combinent en un tissu plus compact. Un tourbillon est donc assez tôt séparé du reste de l'univers par une sorte de filet d'atomes, et forme ainsi un "monde" à part. Diogène Laërce parle ici d'un « premier système sphérique » ; un peu plus loin, le texte évoquera « ce qui, à la façon d'une membrane, remplit le rôle d'enveloppe » 11 pour l'ensemble du tourbillon. Puis la Terre en vient à se former, « par le rassemblement des corps portés vers le centre » 12. Tout comme le noyau s'est amplifié aux dépens de l'enveloppe, l'enveloppe à son tour va s'accroître, mais « en fonction de l'affluence externe et supplémentaire des corps extérieurs », c'est-à-dire de petits corps qui la jouxtent et qui se trouvent entraînés par la force du tourbillon 13. Certains des corps ainsi capturés en périphérie « produisent, en se rassemblant, un système, d'abord humide et boueux » ; « puis ils s'assèchent, sont emportés circulairement dans le tourbillon général, et finissent par s'embraser et former la substance des astres » 14. Tous les astres « s'embrasent, en raison de la vitesse de leur translation » dans le tourbillon 15.

[§ 2] J'ai ensuite passé en revue les explications que Démocrite avait proposées au sujet des principaux phénomènes météorologiques : nature des corps célestes ; lumière apparente de la Lune (celle-ci n'a « pas de lumière qui lui soit propre mais la reçoit du Soleil » 16) ; comètes et Voie lactée (la comète serait le fait d'une « image unique » due à une « conjonction des planètes » 17, la Voie lactée serait « la lumière de certaines étoiles » 18) ; forme (cylindrique), immobilité et inclinaison de la Terre ; explication des tremblements de terre (censément dus à des cavités ou "cavernes", pouvant communiquer entre elles, et disséminées sous la Terre) ; origine de la salinité des eaux de mer ; crues saisonnières du Nil ; vents (le mouvement originairement confus de nombreux atomes qui se cognent et se repoussent les uns les autres, au sein d'un espace très étroit, a, finalement, pour effet global la formation d'un vent soufflant dans une direction déterminée) ; tonnerre, foudre, éclair. - A propos de chacun de ces phénomènes, j'ai tâché de confronter les thèses avancées par l'Abdéritain avec celles qu'avaient développées les autres penseurs "présocratiques". J'estime avoir fait ressortir ici des convergences plus que nombreuses avec Anaxagore, homme du Ve siècle avant J.-C., lequel n'était point, par rapport à Démocrite, un antique penseur milésien, mais, tout simplement, un aîné. Et je crois avoir ainsi réfuté l'affirmation aussi fréquente qu'erronée qui veut qu'en matière de cosmologie et de météorologie, Démocrite n'aurait guère été qu'un conservateur, servilement attaché aux dogmes depuis longtemps périmés qui avaient été, un bon siècle et demi avant lui, ceux d'un Thalès ou d'un Anaximandre.

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Chapitre III : Théorie de la connaissance

[§ 1] J'ai ensuite étudié la théorie démocritéenne de la perception et les diverses questions qu'elle nous pose : y aurait-il eu deux versions de la théorie des simulacres ? Démocrite estimait-il - comme le fit Épicure après lui - que certains simulacres, qui se détachent continuellement des objets visibles et qui ont la même forme qu'eux, pénètrent dans nos yeux et engendrent ainsi la vision ; ou bien est-ce l'il lui-même qui, selon lui, projette des rayons au-devant des objets, objets dont l'image se formerait au point de rencontre du simulacre et du flux visuel ? - Ma réponse est que rien ne nous oblige à penser que Démocrite aurait été le premier à renoncer à la théorie de la double émission, qui fut, avant lui, celle d'Alcméon de Crotone et celle d'Empédocle. Je me suis aussi demandé comment, selon cette même théorie, la distance et la taille des objets peuvent bien être perçues : je crois que l'on peut raisonnablement prêter à l'Abdéritain la thèse selon laquelle les images subissent, durant leur cheminement au travers de l'air, une réduction de leurs dimensions, une réduction proportionnelle à la longueur du parcours que ces images effectuent avant de pénétrer dans nos yeux 19.
[§ 2 et 3] Passant à la théorie de la connaissance, j'ai constaté avec quelle insistance, certains interprètes, outrepassant les déclarations pourtant fort explicites du médecin Sextus Empiricus 20, ont voulu présenter Démocrite comme un ancêtre de Pyrrhon, autrement dit comme un précurseur des Sceptiques. [§ 4] Je préfère de beaucoup insister, pour ma part, sur le rôle essentiel que Démocrite a attribué à l'expérience empirique, dût-on faire état à propos de sa gnoséologie d'une "double approche du réel", - la connaissance légitime venant rectifier, ou même, le cas échéant, renverser, les premières informations qui ont été délivrées par les sens. [§ 5] Et je remarque enfin que les mathématiques démocritéennes paraissent avoir péché par excès d'empirisme. Car l'égalité apparente des pentes d'un cône se ramène, d'après Démocrite, aux "marches" d'une sorte de pyramide à degrés, à une série invisible de paliers microscopiques, de grandeurs indivisibles ayant nécessairement au moins l'épaisseur d'un atome. De même, la sphère peut être décrite selon lui comme « une sorte d'angle » 21, c'est-à-dire comme un polyèdre ; et une ligne qui nous semble courbe à l'il nu est identifiable par la raison à une ligne brisée dont chaque point est relié à celui qui le suit par un minuscule segment rectiligne. Aussi, loin de considérer avec les Pythagoriciens que la géométrie est le principe et la patrie de toutes les sciences 22, l'atomisme démocritéen a-t-il ravalé cette dernière discipline au rang de sous-partie de la physique, et réduit ainsi la domaine de la mathématique pure à celui de la seule arithmétique.

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Chapitre IV : Psychologie

[§ 1] En suivant le conseil éclairé de Gilbert Romeyer Dherbey, j'ai tenté d'étudier d'assez près le De anima et, davantage encore, les Parva naturalia d'Aristote, afin d'y trouver des informations permettant de reconstituer les grandes lignes de la psychologie démocritéenne. « Parmi les atomes, ceux qui ont une forme sphérique constituent l'âme, lisons-nous dans le De anima, parce que les figures de ce genre sont les plus aptes à pénétrer à travers toutes choses et à mouvoir le reste, attendu qu'elles sont elles-mêmes en mouvement » 23. Le texte d'Aristote, remarque Lambros Couloubaritsis, laisse entendre que « les sphéroïdes sont capables de se faufiler, de se fourrer, de pénétrer partout » 24. De même, chez Maupassant, un homme important fend la foule « en roulant violemment son petit ventre rond entre les ventres » de quidams attroupés, prouvant ainsi, à sa façon, « la supériorité des billes sur les pointes » 25. Notons enfin que si « l'âme est faite de feu » 26, cela ne signifie pas que les atomes de l'âme, pris un à un, soient ignés : c'est la réunion et le mutuel échauffement de ces atomes petits, lisses, et ronds qui font que l'âme est, selon Démocrite, un composé igné. - Je crois avoir fait ressortir le rôle essentiel tenu par ces sphéroïdes dans le mécanisme vital et montré - avec l'aide, si j'ose dire, d'Aristote - que la vie est ici conçue comme l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort. J'observe, notamment, que la fonction respiratoire, parce qu'elle est la première pourvoyeuse des sphéroïdes indispensables à la vie, fut considérée par Démocrite comme étant la plus nécessaire à celle-ci.
[§ 2] Puis, j'ai étudié ce que Démocrite nous dit de la mort, qui est, selon ses vues, un processus dégressif ; ce qu'il enseigne au sujet du sommeil et des songes, lesquels, comme on s'en doute, sont ici imputés à l'impact de certaines images sur l'esprit du dormeur ; et ce en quoi il ßauve" certaines superstitions populaires, en les intégrant subtilement à sa théorie générale des images. Car il y a de fortes probabilités pour croire que Démocrite a élaboré une théorie atomiste... de la télépathie, et de ce qu'on appellerait, de nos jours, les phénomènes "parapsychiques" (rêves prémonitoires, pratiques divinatoires aussi douteuses que l'hépatoscopie ou inspection des entrailles des animaux, etc.). Tous ces phénomènes peuvent être expliqués, en effet, en termes de flux atomiques, de transits d'images cheminant plus aisément la nuit que le jour (car le jour, l'air est rempli par la lumière et les rayons qui sont des corps matériels), - d'où vient que les simulacres émanant d'objets fort lointains ainsi que l'ombre des événements qui se préparent sont bien mieux perceptibles la nuit. - C'est que le rationalisme ne se réduit pas nécessairement, en effet, à l'inquiète dénégation que d'aucuns opposent par système à la relation de ces faits insolites dont foisonnent les discours des bonimenteurs ; il consiste plutôt, à mon sens, dans la certitude absolue que ces faits, fussent-ils authentiques, sont, quelle que soit leur bizarrerie, susceptibles de recevoir une explication rationnelle.

[§ 3] Enfin, de la fascinante comparaison du coït avec la crise épileptique 27, j'ai tenté de retirer une nouvelle confirmation du rôle que Démocrite attribuait à l'air dans la quasi-totalité des processus vitaux qu'il décrit. La semence serait une espèce d'écume ébranlée, puis propulsée, par du souffle ; et l'éjaculation, tout comme la crise épileptique, serait provoquée, selon lui, « sous l'impulsion de l'air » 28.

Ainsi aurai-je tâché de faire ressortir par trois fois combien fut grand le rôle de l'air (ou du souffle, qui n'est que de l'air particulièrement agité) dans la théorie démocritéenne de l'âme ignée : la respiration régulière et le simple entretien de la vie, les états qui - tels le sommeil - sont intermédiaires entre vie et mort, ainsi que divers phénomènes que l'on appelle "paranormaux", et, enfin, l'émission de la semence par le truchement de laquelle la vie se transmet, - tout cela a partie liée avec l'air, ou plutôt, avec les mouvements de l'air.

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Chapitre V : Médecine

[§ 1] Dans ce nouveau chapitre, j'ai, tout d'abord, rappelé qu'il est attesté que Démocrite a eu des "préoccupations" d'ordre médical et a composé des ouvrages médicaux : la philosophie, disait-il, est sur de la médecine. Les traités hippocratiques Airs, eaux, lieux et De la maladie sacrée (ainsi que, selon certaines études qui ne sont qu'à demi convaincantes, tel passage des Fractures ou tel autre qui se trouve dans le traité Des Articulations), paraissent véhiculer des thèmes ou des expressions qui pourraient avoir eu pour inspirateur Démocrite. Ce ne sont pas seulement quelques parentés ponctuelles, mais un commun rationalisme et un commun refus de tout principe transcendant la causalité naturelle qui nous donnent à penser que Démocrite édifia, comme l'écrivait naguère Wilhelm Nestle, le « pont spirituel » (die geistige Brücke) unissant la philosophie ionienne à la médecine hippocratique, - celle-ci devant sans nul doute pour une très large part à celle-là les lignes directrices de sa méthode étiologique 29.

[§ 2] J'ai ensuite repris l'étude détaillée des thèses assurément communes à un groupe de trois traités embryologiques bien connus (Génération, Nature de l'enfant, Maladies IV) et à certains de nos témoignages concernant Démocrite.

On trouve, en effet, les cinq thèses que voici, à la fois dans le groupe que forment les trois traités que je viens de citer et dans les témoignages anciens relatifs à la médecine démocritéenne :

1) il existe une semence chez la femme ;
2) le sperme procède du corps tout entier ("pangenèse") ;
3) la différenciation sexuelle du ftus, ainsi que la détermination des autres caractères que présentera celui-ci à la fin de la gestation, résulte d'une sorte de joute entre les répliques des caractères provenant de son père et les répliques de ceux qui proviennent de sa mère ("épicratie") ;
4) naissances gémellaires et portées nombreuses chez les animaux multipares s'expliquent par la présence de diverses poches dans la matrice des femelles ;

5) au cours de l'embryogenèse, ce sont les parties externes qui sont formées les premières.

J'ai indiqué, en outre, que ce que l'Abdéritain déclarait au sujet du mode d'alimentation de l'embryon dans la matrice (6), ainsi que le lien qu'il établissait entre l'humidité des vents du Sud et la fréquence relative des avortements dans les régions situées au midi (7) a, semble-t-il, trouvé des échos dans les Chairs et dans le livre quatrième des Épidémies : preuves supplémentaires de l'impact qu'eut Démocrite sur plusieurs de ceux qui confectionnèrent les grands traités hippocratiques.

J'ai souligné, après cela, que ces thèses sont originales et qu'elles ne se confondent que rarement avec les dogmes qu'avaient professés à propos des mêmes sujets les autres philosophes "présocratiques" : je considère qu'il y a là un indice supplémentaire pour nous autoriser à conclure que le rédacteur des trois traités en question est, dans une large mesure, le débiteur de Démocrite. [§ 3] En montrant que la Génération des animaux d'Aristote (il s'agit du dernier de ses grands traités) répond point par point à ces thèses, et en analysant cet ouvrage comme une confrontation systématique de la biologie d'Aristote avec celle de Démocrite, je crois avoir fourni la contre-épreuve qui permet de valider l'hypothèse selon laquelle l'auteur hippocratique des traités Génération, Nature de l'enfant et Maladies IV a puisé, pour l'essentiel, son inspiration dans l'enseignement démocritéen.

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Chapitre VI : Anthropologie

[§ 1] L'anthropologie démocritéenne exclut le mythe de l'âge d'or, et rejette toute forme de téléologie ; elle nie que l'homme dispose en aucune façon d'un instinct qui le porterait, plus qu'un autre être de la nature, à la sociabilité ou à l'organisation en cités. La vie des primitifs fut au début « désordonnée et sauvage » ; les hommes vivaient disséminés 30. Les animaux ayant tôt fait de se révéler dangereux et farouches, ces hommes des premiers temps (qui n'avaient ni vêtement, ni demeure, ni feu, ni nourriture appropriée) « se vinrent mutuellement en aide et, à l'école de la nécessité, sous l'effet de la crainte qui les réunissait, ils en vinrent peu à peu à reconnaître leur forme mutuelle » 31. Le semblable a mécaniquement rejoint le semblable : de même que le mouvement constamment recommencé de la vague a pour effet de ranger « les galets oblongs au même endroit que les galets oblongs, et les galets ronds au même endroit que les galets ronds, tout se passant comme si la ressemblance qui se trouve dans les choses comportait un principe de leur rassemblement », de même les animaux se rassemblent avec des animaux de même espèce, « les colombes avec les colombes, les grues avec les grues » 32, les humains avec les humains. Puis, apprenant progressivement à prévoir, nos ancêtres « amassèrent les fruits susceptibles de se conserver » 33. Cités, langage, techniques, - tout naquit ainsi, par degrés. Ainsi n'y eut-il pas d'intervention des dieux. Tout part du besoin et de la nécessité : la khreia, le besoin (qui, comme le "hasard", est un autre nom de la nécessité) est le seul agent du progrès. [§ 2] Les arts ou techniques seraient nés de l'observation, puis de l'imitation de la nature et les conduites instinctives de certains animaux - araignée, hirondelle, etc. - ont été, à cet égard, particulièrement instructives pour les premiers hommes. [§ 3] Le langage est né « au hasard », autrement dit par convention. Quant au langage des poètes, il tient à l'enthousiasme de certains sujets d'exception, dont l'esprit se laisse plus facilement envahir que celui des autres lorsque pénètrent en eux les images divines, les ßimulacres" divins dont l'air environnant est rempli : l'inspiration devra donc être ici entendue au sens propre. [§ 4] Enfin, il semble bien que, selon Démocrite, les entités divines ne soient rien en deçà des images divines. Démocrite n'est peut-être pas un athée ; mais ses dieux ont perdu la plupart des attributs et des fonctions que leur prêtent, traditionnellement, la religion et le mythe.

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Chapitre VII : Éthique

[§ 1] J'ai, tout d'abord, rappelé assez longuement que l'authenticité des nombreux fragments éthiques attribués à Démocrite (il y en a plus de 200) fait l'objet de quelques soupçons légitimes. Aristote ne mentionne nulle part d'écrits éthiques de Démocrite ; quelques-unes des maximes qui nous restent paraissent parfois assez triviales ; en outre, certains fragments mettent en uvre les notions d'effort et de liberté, au sujet desquelles on peut au moins se demander comment elles ont pu être éventuellement conciliées avec les thèses pandéterministes de la physique. [§ 2] L'euthymie ou bien-être paraît constituer le concept central de l'éthique démocritéenne. Ce terme, formé sur l'adverbe eu ("bien", "heureusement") et le substantif thymos (l' "âme", le "cur"), désigne la "tranquillité" de l'âme. L'euthymie, c'est « la sérénité et l'équilibre que connaît durablement l'âme qui n'est troublée par aucune peur, aucune superstition ni aucune autre passion » 34.
[§ 3] Le bonheur suppose l'exemption de craintes ; "devoir" et rectitude de l'intention ont pour principe le respect (aidôs) que le sage éprouve envers sa propre personne. « C'est devant soi-même, aurait déclaré Démocrite, que l'on doit manifester le plus de respect, et la loi qui s'impose à l'âme est de ne rien faire de malhonnête » 35. [§ 4] Bien que j'aie cru, précédemment, pouvoir établir de très nombreux points de contact entre la médecine hippocratique et le démocritéisme, je n'ai pas suivi, pour autant, les conclusions de G. Vlastos 36. L'authenticité des fragments éthiques serait démontrée, selon ce commentateur fort savant, par le seul fait qu'ils mettent en uvre des termes qui se retrouvent dans le lexique des médecins. Malgré tout le talent et l'érudition déployés par Vlastos, cela ne paraît pas probant. [§ 5] Je me suis ensuite particulièrement arrêté sur le problème que posent indéniablement les fréquentes mentions de la fortune et la présupposition de la liberté dans ces fragments éthiques. En accordant une large place à la liberté et à la responsabilité humaines, sans lesquelles « toute admonestation et tout blâme disparaissent » 37, en dotant probablement les atomes eux-mêmes d'une capacité de déclinaison spontanée et tout à fait imprévisible, Épicure a sans doute davantage, préservé son éthique du reproche d'inachèvement qu'on a pu adresser parfois à celle de son devancier, Démocrite 38. [§ 6] Puis j'ai touché quelques mots de ce que Démocrite (?) a dit de l'adoption et de l'éducation des enfants. « Qui voudrait avoir un enfant, aurait-il proclamé, ferait mieux, à mon avis, d'adopter le fils d'un de ses amis. Ainsi aura-t-il un enfant conforme à son désir ; car il le choisira tel qu'il le voudra » 39. [§ 7] Enfin, j'ai souligné le caractère, à mon sens, assez disparate des fragments portant, plus précisément, sur la loi, la vie politique et le citoyen.

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Chapitre VIII : La légende de Démocrite

[§ 1] Ce qui fut dit de Démocrite, il convenait d'en faire mention, quand bien même ce serait une erreur. Aussi ai-je étudié ce Démocrite misanthrope et mélancolique que mettent en scène les Lettres pseudo-hippocratiques. Ces textes, qui doivent dater du Ier siècle après J.-C., mettent en scène un curieux personnage : Démocrite y rit, en effet, de la mort, de la maladie, du délire, de la folie, de la mélancolie, du meurtre, aussi bien que des mariages, des panégyries, des naissances d'enfants, des mystères, des commandements, des honneurs. Il paraît confondre ainsi le bien et le mal, et ses concitoyens d'Abdère mandent le grand médecin Hippocrate afin qu'il vienne guérir promptement ce sage qui semble extravaguer dangereusement.
C'est alors que le sage Démocrite se fait médecin de son médecin. Il nie qu'il y ait lieu de distinguer « deux causes » 40 de son rire. « Au vrai, déclare-t-il, je ne ris que d'un seul objet, l'homme plein de déraison, vide d'uvres droites, puéril en tous ses desseins, et souffrant, sans utilité, d'immenses labeurs, allant au gré d'insatiables désirs, jusqu'aux limites de la terre et en ses abîmes infinis, fondant l'argent et l'or, ne cessant jamais d'en acquérir, et toujours troublé pour en avoir plus » 41 ; je ne ris que d'un seul objet, l'homme, car celui-ci « n'est de naissance, que maladie » 42. - J'ai tâché, quant à moi, de laisser entendre que ce personnage de fiction, quoique né, très probablement, dans l'imagination de quelque sectateur des Cyniques, n'est pas exempt d'enseignements pour l'étude du Démocrite historique. [§ 2] Puis j'ai étudié les avatars du topos en vertu duquel la comédie et la tragédie de la vie peuvent être représentées par l'opposition convenue des larmes d'Héraclite et du grand ris démocritique. [§ 3] Enfin, j'ai rapidement fait mention des ouvrages alchimiques attribués à Démocrite, ou plutôt à un pseudo-Démocrite ; j'ai admis que le faussaire fut sans nul doute Bolos l'Égyptien, qui vécut entre 250 et 115 av. J.-C., et j'ai protesté contre l'idée (émise, notamment, par Hershbell 43) que le Démocrite historique aurait pu inspirer en quoi que ce soit une littérature de ce genre.

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Conclusion : La fortune de Démocrite

En manière de conclusion, j'ai tenté d'esquisser sommairement les contours de ce qui pourrait être une nouvelle histoire de l'atomisme : un ouvrage de ce type, qui renouvellerait le beau travail qu'avait effectué Mabilleau à la fin du siècle dernier 44, serait, en effet, fort utile.
Médecine hippocratique, sophistique, épicurisme, mais aussi stoïcisme, pyrrhonisme et cynisme : aucune, parmi ces écoles de pensée fort diverses, n'échappa à l'influence de la philosophie démocritéenne. Au Moyen âge, c'est surtout dans la pensée arabo-islamique, et notamment chez certains théologiens ash,arites (qu'on nomme les Mottécallemîn), qu'on pourrait constater la persistance d'une tradition très vivace, associant Démocrite, l'héritage de l'hippocratisme et... la philosophie d'Aristote, - laquelle joua ici, bien davantage qu'en terre chrétienne, la partition du rationalisme et de l'empirisme éclairé. A la Renaissance et aux Temps modernes, Giordano Bruno, Bacon, Gassendi, Robert Boyle ont proposé des doctrines dérivant pour une large part de l'atomistique démocritéenne. Newton, Boscovich et Cauchy, ainsi que Kant lui-même, dans son Histoire générale de la nature et Théorie du Ciel, ont eux aussi souscrit, comme on sait, à une conception discontinuiste de l'être. Au XIXe siècle, le jeune Nietzsche, comme Marx l'avait fait, une vingtaine d'années avant lui, a nourri le projet d'étudier cet ancien philosophe. Quant à l'atomisme scientifique moderne, que je ne puis évoquer ici qu'en passant (!), les noms de Dalton, d'Avogadro, de Maxwell, ainsi que ceux d'Einstein et de Planck, suffiront peut-être à donner quelque idée de l'extraordinaire fécondité heuristique que l'hypothèse atomistique a conservée jusqu'à nos jours.

Jean Salem

Université de Paris I - Sorbonne

Poznámka redakce:

Profesor Jean Salem se zabývá klasickou filosofií. Poskytl nám tento text, v nemû podává obsáhlou zprávu o své knize o Démokritovi (Démocrite. Grains de poussière dans un rayon de soleil. Paris, Vrin 1996) v rámci spolupráce Katedry filosofie FF MU s Ústavem filosofie University Paríû I - Sorbonne, který prof. Jean Salem v soucasné dobe vede.

DÉMOKRITÙV RACIONALISMUS

Démokritos zustává stále nepoznaným obrem. Ciceron, Seneka a mnozí další autori srovnávali jeho velikost s Platónem nebo Aristotelem. Pojednal o obecné fyzice, ale rovneû o astronomii, teorii poznání, psychologii a lékarství, antropologii a etice, aniû by cokoli vynechal.
Autor ve svém textu objasnuje, jak se pokusil rekonstituovat velkolepou podobu zakladatele atomismu, opíraje se o mnohá svedectví z antiky, stejne jako o odbornou literaturu, jeû zustávala aû doposud znacne rozptýlená.

THE RATIONALISM OF A DEMOCRITUS

Democritus is a hitherto misunderstood colossus. Cicero, Seneca, and many others compare his stature to that of a Plato or of an Aristotle. General physics, but also astronomy, theory of knowledge, psychology and medicine, anthropology and ethics, there is nothing of which he does not treat.
Jean Salem shows here how, on the basis of a host of testimonies from Antiquity as well as of an until now remarkably dispersed erudite litterature, he has tried to reconstitute the immense figure of the founder of atomism.


Footnotes:

1 [4em]Une traduction française de ce précieux recueil (1903 ; 5e et 6e éd. : 1934 et 1951) a été donnée sous le titre : Les Présocratiques (trad. J.-P. Dumont, en collab. avec D. Delattre et J.L. Poirier), Paris, Gallimard, 1988. - Nous écrirons dorénavant : Présocr.

2 [4em]DÉMOCRITE, DK [68] B 165 [= CICÉRON, Premiers académiques, II, XXIII, 73] ; Présocr., p. 888.

3 [4em]DÉMOCRITE, A 92 [= SÉNÈQUE, Questions naturelles, VII, III, 2] ; Présocr., p. 792.

4 [4em]L'ancienne graphie du Z grec était, en effet, un H couché.

5[4em]FERRARI (G. A.), "La scrittura fine della realtà", Siculorum Gymnasium, XXXIII [= Actes d'un Congrès consacré à Démocrite à Catane, en 1979], 1980, p. 75-89.

6[4em]ANAXAGORE, DK [59] A 1 [= DIOGÈNE LAËRCE, Vies, II, 8] ; Présocr., p. 616.

7[4em]LEUCIPPE, DK [67] A 19 [= ARISTOTE, Traité du ciel, I, 7, 275 b 32 - 276 a 1] ; Présocr., p. 739.

8[4em]Cf. O'BRIEN (D.), "L'atomisme ancien : la pesanteur et le mouvement des atomes chez Démocrite", Revue philosophique, CLXIX, 1979, p. 401-426 (cit. : p. 416).

9[4em]LEUCIPPE, A 1 [= DIOGÈNE LAËRCE, IX, 31] ; Présocr., p. 729-730.

10[4em]Ibid., 31.

11[4em]Ibid., 32.

12[4em]Ibid., 32.

13[4em]Ibid., 32.

14[4em]Ibid., 32.

15[4em]LEUCIPPE, A 1 [= DIOGÈNE LAËRCE, IX, 33] ; Présocr., p. 730.

16[4em]ANAXAGORE, A 42 [= HIPPOLYTE, Réfutations de toutes les hérésies, I, 8, 8], Présocr., p. 636.

17[4em]DÉMOCRITE, A 92 [= ALEXANDRE D'APHRODISE, Commentaire sur les Météorologiques d'Aristote, 26, 11] ; Présocr., p. 792.

18[4em]ANAXAGORE, A 80 [= ARISTOTE, Météorologiques, I, 8, 345 a 25 sq.] ; cf. Présocr., p. 654.

19[4em]Cf. BALDES (R. W.), "Democritus on Perception of Size and Distance (Theophrastus, De Sensibus, 54)", The Classical Bulletin, LI, 1975, p. 42-44.

20[4em]Cf. DÉMOCRITE, B 11 [= SEXTUS EMPIRICUS, Contre les mathématiciens, VII, 139] ; Présocr., p. 846-847 : « Il est deux formes de connaissance, l'une légitime, l'autre bâtarde. De la bâtarde relèvent tout ensemble la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le toucher. En revanche, la légitime en est distincte. Puis [Démocrite] donne la raison de préférer la légitime à la bâtarde : Vient un moment où la bâtarde n'est plus à même ni de voir ce qui est devenu trop petit pour elle, ni de l'entendre, ni de le sentir, ni de le goûter, ni de le percevoir par le toucher, < et où il faut faire appel à une investigation plus subtile ; c'est alors qu'intervient la légitime, qui possède un instrument permettant une connaissance plus fine > ».

21[4em]ARISTOTE, Du Ciel, III, 8, 307 a 16-17.

22[4em]PHILOLAOS, DK [44] A 7 a [= PLUTARQUE, Propos de table, VIII, II, 1, 718 E] ; Présocr., p. 491.

23[4em]LEUCIPPE, A 28 [= ARISTOTE, De l'Ame, I, 2, 404 a 6-8] ; cf. Présocr., p. 743.

24[4em]COULOUBARITSIS (L.), "Considérations sur la notion de Noûs chez Démocrite", Archiv für Geschichte der Philosophie, LXII, 1980, p. 129-145 (cit. : p. 135).

25[4em]Cf. MAUPASSANT (G. DE), Mont-Oriol, II, 1 ; in Romans (éd. Louis Forestier), Paris, Gallimard / Pléiade, 1987, p. 602.

26[4em]LEUCIPPE, A 28 [= AÉTIUS, Opinions, IV, III, 7] ; Présocr., p. 743.

27[4em]Cf. DÉMOCRITE, B 32 [= ap. GALIEN, XVII A 521 K.] ; cf. Diels, Frag. der Vors., II, p. 152. - Constriction vasculaire, rigidité des membres, spasmes et autres alternances rythmiques de contractions toniques et de relâchements musculaires puis, enfin, coma post-critique, lors de la phase résolutive : tout paraît, en effet, concorder et se dérouler ici et là dans le même ordre. Les mictions incontrôlées et autres évacuations d'excréments (lesquelles sont imputables au relâchement des sphincters), ainsi que l'écume qui vient aux lèvres du malade durant la crise, ne laissent pas d'évoquer, elles aussi, le déroulement de l'acte sexuel.

28[4em]Cf. LURIA (S.), Democritea, op. cit., t. II, p. 535 ; ad n°  528, Rem. 2.

29[4em]NESTLE (W.), "Hippocratica", Hermes, LXXIII, 1938, p. 1-38 (cit. : p. 37).

30[4em]DÉMOCRITE, B 5 1 [= DIODORE DE SICILE, Bibliothèque historique, I, 7-8] ; cf. Présocr., p. 840.

31[4em]DÉMOCRITE, B 5 1 [= DIODORE DE SICILE, Bibliothèque historique, I, 7-8] ; Présocr., p. 840.

32[4em]DÉMOCRITE, B 164 [= SEXTUS EMPIRICUS, Contre les mathématiciens, VII, 116-117] ; Présocr., p. 887.

33[4em]DÉMOCRITE, B 5 1 [= DIODORE DE SICILE, Bibliothèque historique, I, 7-8] ; Présocr., p. 840.

34[4em]DÉMOCRITE, A 1 [= DIOGÈNE LAËRCE, Vies, IX, §  48] ; Présocr., p. 750.

35[4em]DÉMOCRITE, B 264 [= STOBÉE, Florilège, IV, V, 46] ; Présocr., p. 908.

36[4em]VLASTOS (G.), Ëthics and physics in Democritus", The Philosophical Review, LIV, 1945, p. 578-592 (Part One) ; et : LV, 1946, p. 53-64 (Part Two).

37[4em]Cf. DIOGÈNE D' NOANDA, frag. 32 Chilton, col. 2-3.

38[4em]Cf. MESIANO (F.), La Morale materialistica di Democrito di Abdera, Florence, Le Monnier, 1951, p. 136, qui fait état d'une etica incompiuta chez Démocrite.

39[4em]DÉMOCRITE, B 277 [= STOBÉE, Florilège, IV, XXIV, 32] ; Présocr., p. 911.

40[4em]HIPPOCRATE, uvres complètes (éd. et trad. É. Littré), Paris, Baillière, 1861, t. IX, p. 359.

41[4em]HIPPOCRATE, uvres complètes (éd. et trad. É. Littré), Paris, Baillière, 1861, t. IX, p. 375.

42[4em]Ibid., IX, p. 361. - Pour une étude suivie de ces Lettres, je prends la liberté de renvoyer non seulement au chapitre VIII de l'ouvrage publié chez Vrin (op. cit., p. 351 à 370), mais aussi à une autre étude qui leur a été consacrée spécialement : SALEM (J.), La Légende de Démocrite, Paris, Kimé, 1996.

43[4em]Cf. HERSHBELL (J. P.), "Democritus and the beginnings of Greek alchemy", Ambix, XXXIV, 1987, p. 5-20.

44[4em]Cf. MABILLEAU (L.), Histoire de la philosophie atomistique, Paris, Imprimerie nationale, 1895.


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On 22 Feb 2002, 20:17.